Les jacasseries emplissaient une bonne partie de la nuit sur fond de musique raï multiple qui fusait de partout en laissant la vague impression que toute la ville se mariait. Tout le monde ne convolait qu’en été comme si tous les gens s’étaient donné le mot pour ne célébrer les mariages qu’en cette saison. Les nuits prenaient, alors, une allure de fête foraine. Un certain carnaval, où trônait, en maître absolu, le folklore de la région. Quelques fois, des familles innovaient en y associant des airs et des mélodies de l’ailleurs pour se différencier de la masse. La nuit aussitôt installée, la ville était prise d’assaut, à une fréquence houleuse, par une multitude de cortèges nuptiaux qui trouvaient un malin plaisir à sillonner la cité en lui inoculant une dose de décibels inimaginable. Leurs concerts de klaxons pluridisciplinaires allant du normal au sophistiqué, en passant par celui dit italien, le plus réputé pour sa puissance et sa capacité de nuisance, violaient les murs de la cité dans l’impunité la plus totale.

Personne ne s’en plaignait publiquement. Tacitement, tous le toléraient et l’acceptaient hypocritement en prévision de leurs futures sacrées fêtes de copulation. Cette ville ne dérogeait pas à la règle générale qui régissait le paysage festif de tout le pays. Partout, on observait le même scénario et on récoltait les mêmes turbulences. A la faveur de la nuit, toutes les voix du Raï se donnaient rendez-vous. Il faut être vraiment solide pour supporter toute cette agression déversée par une sonorisation puissante dans un espace fermé et très réduit. Les voitures les plus huppées étaient très recherchées. Leur nombre témoignait de la santé financière et du rang social de la famille qui célébrait le mariage.